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LAI DU FRÊNE.

ma faute. C’est cette personne si aimable, si sage et si belle que le chevalier aimoit depuis long-temps, et dont il vient d’épouser la sœur. Madame, répondit l’époux, je suis très-satisfait et bien joyeux que nous ayons retrouvé notre fille avant que la faute fût augmentée, le ciel nous accorde doublement ses faveurs. Venez, ma chère enfant, venez embrasser votre père. Frêne est au comble du bonheur, puisqu’elle vient de retrouver ses parents. Son père les quitte aussitôt pour aller parler à son gendre et à l’archevêque, et leur faire part de cette nouvelle. Dès qu’il en est instruit, Buron ne peut contenir sa joie, et le prélat donne le conseil d’attendre que la nuit soit passée, parce qu’il rompra le lendemain les nœuds qu’il avoit formés la veille. Il fut donc arrêté que le premier mariage seroit déclaré nul, et que Buron épouseroit son amie avec le consentement de ses parents. Le père divisa son bien en deux parts égales, dont une fut donnée à Frêne. Lorsque le chevalier et sa femme retournèrent dans leur pays, après la noce qui fut très-belle, ils emmenèrent