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LAI DU FRÊNE.

sa demande, il venoit souvent au monastère pour trouver l’occasion de parler à Frêne. Il la pria tant, lui fit de si belles promesses que cette demoiselle consentit enfin à lui accorder son amour. Ayant obtenu les faveurs de sa belle, il lui parla un jour en ces termes : Belle amie, puisque vous m’avez choisi pour amant, suivez-moi dans mon château. Jugez de la colère de votre tante si elle étoit instruite de nos amours, et quel seroit son courroux si vous deveniez enceinte. Si vous m’en croyez venez avec moi, vous ne manquerez jamais de rien, et vous partagerez mes richesses. La belle Frêne qui aimoit tendrement son ami se rendit sans peine à ses desirs, et suivit Buron dans son château. Elle emporta dans sa fuite l’anneau et l’étoffe qui devoient servir à la faire reconnoître un jour. L’abbesse lui avoit raconté comment elle avoit été trouvée sur un arbre, aussi Frêne conservoit-elle précieusement dans un coffre les divers objets dont elle étoit enveloppée.

Ce fut un grand bonheur pour cette malheureuse demoiselle, que la bonne