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LAI DE GUGEMER.

semblance me fait battre le cœur, et je ne puis m’empêcher de frémir et de soupirer. Je veux absolument m’en convaincre et l’interroger. Gugemer après avoir embrassé la dame, la fait asseoir et prend place à son côté. Mériadus fort inquiet n’avoit pas perdu un seul de leurs mouvements ; prenant un air riant, il prie Gugemer d’inviter la belle inconnue à tenter l’épreuve de la chemise. Avec plaisir répond le chevalier qui donne l’ordre de l’aller chercher. Le chambellan apporte la chemise, Gugemer la prend et la remet à la dame qui reconnut aussitôt le nœud qu’elle avoit fait elle-même. Elle n’ose cependant le défaire, parce que son cœur éprouve la plus grande agitation. Mériadus dont l’inquiétude étoit bien plus grande, l’invite à tenter l’aventure. Sur son invitation, la dame prend la chemise et la déploie sur le champ. On ne peut se figurer l’étonnement de Gugemer, il ne peut douter que cette femme ne soit sa maîtresse, et il ose à peine en croire ses yeux. Est-ce bien vous, tendre amie, qui êtes devant moi ! Laissez-moi, je vous prie, examiner une