Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
LAI DE GUGEMER.

avec des princes ses voisins. Il s’étoit levé de grand matin parce qu’il vouloit envoyer un détachement pour ravager les terres de ses ennemis. En regardant par une croisée, il aperçut le vaisseau qui approchoit. Suivi d’un chambellan, il s’empresse de se rendre au port et de monter à bord. Mériadus voyant la beauté de la dame la prend pour une fée, la saisit par le manteau et la conduit dans son château. Enchanté de l’aventure, le monarque est peu curieux d’apprendre comment cette beauté est venue seule dans la nef, il lui suffit de savoir qu’elle est de haut parage. Épris de ses charmes, plus que je ne le pourrois dire, Mériadus ordonne à sa jeune sœur d’avoir les plus grands égards pour la dame ; il lui fait donner les vêtements les plus riches, mais la dame est toujours plongée dans la tristesse ; peu touchée des soins et de l’empressement de Mériadus, qui la requiert souvent d’amour, elle lui montre la ceinture et lui annonce qu’elle n’aimera jamais que celui qui pourra dénouer cette ceinture sans la déchirer. Mériadus piqué au vif, apprend à la