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LAI DE GUGEMER.

pas, sans doute, qu’une coquette doit se faire long-temps prier pour accorder ses bonnes graces, afin de ne pas se découvrir et d’éviter de faire soupçonner ses intrigues. Lorsqu’une femme bien née, tout-à-la-fois aimable, jolie et spirituelle, voit un homme de son rang qui lui convient, loin de le refuser, elle acceptera volontiers son hommage, et leur union sera déjà ancienne lorsqu’elle sera connue. La dame persuadée de la vérité de ce discours, accorda au chevalier le don d’amoureuse merci, et depuis ce jour ils furent heureux.

Depuis un an et demi nos deux amants jouissoient d’un parfait bonheur, mais la fortune cessa de leur être favorable. Sa roue tourne, et en peu d’instants elle porte au-dessus celui qui étoit dessous. Ils en firent la triste expérience, car ils furent aperçus.

Par un beau jour d’été nos deux amants, réunis dans la même couche, s’entretenoient