Page:Marie de Compiègne - L’évangile aux femmes.djvu/60

Cette page n’a pas encore été corrigée
56

56 XXVIII. Feme ensaigne tot dis et norist et adrece Par li va on a Diu (car chou est li adrece,) Ensi com longement poissons en sequerechc Puet vivre sans iave, li envoit Dex leece XXIX. Molt a de bien en feme de preu et d’onesté Sages sont et entieres et plaines de bonté. Gom (lisez L’on) peut tout ausi bien tenir lor amisté, Com on porroit garder un glachon en esté. XXX. Quiconques voit en feme joliveté ne fieste, Bien peut estre asseiir, c’est signal de tempeste N’a en li de seurté, ne qu’il a en la bieste Qui point devers la keue et blandist de la teste. une faute contre la règle de Vs, ou plutôt une faute d’accord. Il faudrait: En quelconques manières, ou plutôt En quelconque maniere. ’IV. B. II faut noter, dans les rimes de ce couplet, l’orthographe irrégulière paraille, à côté de aparelle (et accessoirement mervelle et velle). Cela semble indiquer que les deux l mouillées ne s’écrivaient pas toujours avec un i la prononciation ne changeait pas, quelle que fût l’orthographe (Cf. A. XXXII.). XXVII. i. Au mal ovrer, c’est-à-dire au mal faire. L’ancienne langue avait, bien plus que le français moderne, une tendance à prendre comme substantifs neutres les infinitifs précédés de l’article, ou même de l’article et d’un adverbe qualicatif. Plusieurs de ces expressions sont à regretter, celle-ci par exemple. XXVIII. c. Sequereche. Cette forme picarde rimant avec les formes françaises adrece et leece, confirme notre supposition d’un scribe de l’Ile-deFrance copiant un texte picard. XXVIII. 1. Adrecer == redresser. Encore aujourd’hui la plupart des patois du Midi ont le verbe adrechà. XXVIII. 4. lave, forme picarde, qui a donné naissance au mot moderne eau, en se transformant d’abord en eave, puis en vocalisant l’u. Les autres formes plus régulières, ewe, eve, sont restées dans les patois. Leece (leesce, liesce) = liesse, du latin lœtitia. XXIX. a. C S’a (lisez si a) mult biens en femme, d’onneur* et d’onnesté. D Mult a de bien en feme, de proufit, d’onestié* XXIX. b. Au lieu de entières, C donne honnestes, qui constitue une répétition, et D secrées = secrètes, gardant bien un secret. M. Jubinal, qui n’a lu ce couplet que dans C,’ puisqu’il le donne comme spécial à ce ms, imprime SOUVENT au lieu de D’ONNEUR. D donne les quatre rimes en ié au lieu de É.