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littérature nationale, et qui s’intéressent aux productions si curieuses du moyen-âge. Mais son nom offre pour la Société historique de Compiègne un intérêt particulier ; en effet, Marie de France a été plusieurs fois nommée Marie de Compiègne, et les deux noms s’appliquent à une seule et même personne, comme j’espère le prouver dans cet essai. J’ai donc cru pouvoir revendiquer pour notre Société l’étude de cette femme-poète, et m’occuper de sa personne et de ses écrits sans sortir du cadre de vos travaux.

Marie naquit à Compiègne vers la fin du douzième ou au commencement du treizième siècle ; mais elle n’y fit pas un long séjour. Transportée dès son enfance en Angleterre, elle y passa la plus grande partie de sa vie[1]. C’est là, ou peu s’en faut, ce que l’on peut affirmer de Marie d’une façon certaine : car elle ne nous a laissé dans ses écrits que bien peu de détails sur sa personne et sur sa vie, et en l’absence de documents positifs, il serait imprudent de bâtir de toutes pièces une biographie de fantaisie. Voici cependant ce qui nous semble découler de quelques témoignages qui nous sont restés à son sujet chez les auteurs ses contemporains, et des rares passages de ses écrits où l’auteur parle d’elle-même.

Qu’elle soit née en France, nul ne saurait le contester sérieusement, car elle a pris soin de nous en instruire par ces vers qui terminent le recueil de ses fables :

« Au finement de cest escrit,
« K’en Romanz ai turné et dit,
« Me numerai par remembraunce
« Marie ai nom, si sui de Fraunce. »

Un autre poète de cette région de la France, Guernes de

  1. M. G. Paris croit avec quelque raison que Marie séjourna quelque temps en Flandre, sans doute à la cour du comte Guillaume, à qui elle a dédié ses fables. Cela ressort de passages des fables signalés par M. Molant, dans sa dernière édition des Fables de La Fontaine.