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xiv. Compaignie est sainte de feme et honeste.
(Lisez : Compaignie de feme est mult sainte et honeste ;)
Nus n’i porroit sentir grievance ne moleste.
Si seür fet entre eles mener et joie et feste,
Si l’on estoit en mer sans mast et grant tempeste.
(Lisez : Com s’on estoit en mer, etc.)

xvJe voi trois biens en feme qui molt sont a loer.
Humles sont et estables, et seüres en parler.
De riens que on lor die ne se puet nus douter,
Nient plus que s’il estoit en un panier en mer.


xiii. cd. — C :

Tant fait bon et seûr entre elles converser
Com un homme tout nu en feu ardent aller.

Ce dernier vers offre un sens moins satisfaisant que celui de A. Dans A, d j’ai suppléé le mot grant, pour la mesure et le sens ; le scribe a mis deux fois un, par inadvertance, de cette manière : en un .j. feu aler.

À remarquer le ç doux final écrit c, dans les mots douç et descauç (A, cd. — C’est un souvenir de l’étymologie (dulcis, discalcius).


xiii. 4. — Dou leu = au sujet du loup. La leçon au (ou, on) leu est plus régulière, le verbe se fier étant construit au vers précédent avec le pronom i == à elle.


xiii. 4. — Descauc (descaus), du bas-latin discalcius (dis et calceus) qui se trouve dans la loi salique. Descaus est la forme picarde de deschaux, aujourd’hui dèeh aux. Déchaussé vient régulièrement du participe latin discalceatus.

M. Egger (Mémoire sur les noms verbaux tirés de l’infinitif) incline à y voir un nom (adjectif) verbal dérivé du verbe à l’infinitif déchausser, par suppression de la terminaison, comme il est arrivé pour une foule d’autres noms, qui, au premier abord, paraissent tirés directement d’une racine latine, parce qu’ils sont plus simples que le verbe correspondant. Ex.: refus, de refuser ; cri, de crier, etc.


xiv. a. — Le ms B porte : Compaignie de fame est mult sainte et honeste. C’est évidemment ainsi qu’il faut rétablir le texte de A. Nous traduisons.en conséquence. xiv. b. — B : Nus n’y porroit sentir mesaise[1] ne moleste. xiv. c. — B : Mener et geu et feste. xiv. d. — B Comme sans gouvernail par mer en grant tempeste.

  1. MESAISE, de MES, préfixe péjoratif, et de AISE, ME ou MES, prov. MES et MENS ; espag. MENOS ; dérive de MINUS. Il est possible aussi que le germanique MISs ait eu quelque influence sur cette forme qu’a prise MINUS. AISE vient du gaëlique ADHAIS (AISE), ou de l’anglo-saxon ADHE (FACILE) ; bias breton, CAZ, EZ (aisé). (Dictionnaire de Littré).