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X Molt a de bien en feme, mes il est mult repus,
Qu’a paines percevoir le puet ou porroit nus ;
Lor fienche resamble la meson Dedalus :
Puis c’om est [enz] entre [z], si n’en puet issir nus.

XI Sor tote riens, est feme de muable talent ;
Par nature velt faire cho c’om plus li deffent.
Un pense, autre dit ; or velt, or se repent ;
En son propos est ferme, com est fumee a vent.

ix. 4. — Dont la croi. Dont n’est pas ici pronom relatif, venant du bas-latin de-unde, v. fr. dunt et dont, déjà au xe siècle (Cantique de Sainte Eulalie). C’est plutôt dont, adverbe, écrit plus souvent dons (ou adons, adonc, adont) = alors, de ad-tunc ; ce que semble confirmer le ms. B, qui donne adonc.

Autretant = autant, de alterum-tantum ; catalan, allretant ; espagnol, otrotanto ; ital., altrettanto. Se trouve déjà dans la Chanson de Roland (xie siècle). Joinville (fin du xiie siècle) emploie autant et autretant. Autant vient de aliud-tantum. Cf. D. viii, autressi (note à A. xvi. c d.).

Fromage (formage. fourmaige, etc.), du bas-latin formaticum = ce qui est fait avec une forme.

x. a. — D : Mult a de bien en feme, mais il est trop reclus ; Reclus confirme ici le sens que nous avons donné au mot repus, que donnent les autres mss. (v. note viii. 2.). C’est probablement une glose explicative, le mot repus ayant paru trop obscur.

x. b. — B : Quar a mult grandes paines le puet percevoir nus.

C : Qu’a poine percevoir le porroit homme nulz.

D : Trouver n’apercevoir ne le porroit jor nuls.

Ces trois mss. nous donnent les trois orthographes différentes du nominatif nullus, en v. fr. Mais on ne saurait rien en conclure sur leur âge respectif (voir la note vi. 2.).

x. d. — B : Quant l’en est enz entrez, si n’en puet issir nus.

C : Quant on y est entré, ne s’en puet issir nulz.

D : Quant l’on y est entrez, l’en ne puet trouver l’us (l’huis, de ostium).

La leçon du ms. B permet de rétablir à la fois le vers et le sens, dans le vers du ms. A, en intercalant enz, entre est et entré.

XI. a. — Sor tote riens, et C : sur toute riens. Il y a lieu de s’étonner de cette faute contre la déclinaison, se trouvant dans deux mss., qui ne dérivent pas l’un de l’autre. Parmi les nombreux exemples que cite M. Littré (Dict. de la langue française, s v. rien), je n’en vois aucun qui ne puisse être ramené aux règles de la déclinaison. On trouve bien souvent : por riens, de riens, on peut admettre qu’il y a ici le régime pluriel, et ces formes seraient régulières. Je propose donc de corriger sor totes riens, au pluriel, ou sor tote rien, au singulier.