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Quoi qu’on dise des femmes, c’est là une grande merveille :
Toutes font leurs efforts pour bien faire et bien dire,
Et elles pourvoient et décident aussi sagement
Que le papillon qui se brûle à la chandelle.
 
Nul ne sait, ni ne pourrait savoir quelle femme il a avec lui ;
Ce ne sont ni des qualités éclatantes, ni des défauts cachés,
Elle paraît humble comme la cendre, quand il y a en elle un feu ardent.
Celui qui se fie le plus à elle est le plus tôt perdu.

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  1. vii. b. — B : Chascun jor s’appareille. vii. d. — li pavelons. B C D : papeillons. La forme paveillons se trouve dans Berthe aux grans pies, poème du vxiiie siècle, comme le nôtre, et aussi dans Flore et Blancefleur (xiiie siècle). À partir du xive, on trouve toujours papeillon ou papillon, au sens d’insecte. La forme paveillon est alors réservée au sens de tente, qui se rencontre dès le xiie siècle, mais toujours avec la forme paveillon. Ce serait une preuve nouvelle que notre ms. A est bien du xiiie siècle. vii. d. — Candelle. B : chandeille, forme moins exacte du latin candela, mais qui donne une rime plus riche. D donne, aux deux premiers vers :

    Qui diroit mal de feme ce seroit grant merveille,
    Car de loiauté faire chascune s’apareille.

    vii. 1. — Die, forme régulière de dicat, encore usitée au xviie siècle.

    vii. 2. S’apareille. Le sens de ce verbe ne s’est guère conservé que comme terme de marine, et sous la forme appareiller = mettre à la voile, au sens neutre. Cf. Berthe aux grans pies.

    Ménestrel s’apareillent (s’apprêtent) pour faire leur mestier.

    viiie siècle. a. — Le ms. B donne une leçon plus claire, mais que nous ne saurions adopter. Le ms. A porte réellement après set le signe abréviatif ordinaire de ou, qui sert également pour or, ro, et qui, se reproduisant après la syllabe por, nous semble devoir s’unir à elle et se lire roi, ou même roit. Nous avons donc lu porroit, en sous entendant savoir. La même notation se rencontre d’ailleurs dans le même ms., au couplet x.b : Qu’a peine percevoir le puet ou porroit nus, d’après notre lecture, en sous-intendant l’infinitif du verbe déjà exprimé (percevoir). Il n’y a donc pas à hésiter.

    Quant à ou, employé au lieu de ni, on sait qu’on en trouve des exemples jusqu’au xviie siècle, dans Corneille et Molière. Réciproquement, on trouve dans les anciens textes languedociens, provençaux, catalans et même français, des exemples de ni au sens de ou, et quelquefois de et (V. notre texte, passim).

    La correction quelle, pour quel li, que donne le ms. A, correction que l’on pourrait être tenté d’adopter, est inutile. En effet, on trouve dans les textes incontestablement picards cheli = celle, liquele = laquelle. Voir l’Anthologie picarde publiée en 1872 par M. Boucherie, dans la Revue des langues romanes (tome III, 3-4), où l’on trouve, dans la pièce Che sont partures d’amoureus jus, ces mots :