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viiQuoi qu’on die de feme, c’est une grant merveille :
De bien fere et de dire cascune s’apareille,
Et ausi sagement se pourvoit et conseille
Com fet li pavelons qui s’art à la candelle.

viiiQuel li feme est en lut, cho set OU PORROIT nus ;
Ne chou n’est biens apers, ne cho n’est max repus.
Humle semble com cendre, la ou gist ardanz fus ;
Qui plus s’i asseüre, c’est li plus tos perdus.

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  1. rait lieu à une foule de remarques de ce genre ; nous laissons au lecteur le soin de les faire. Rapprochez d’ailleurs le vers v. b, dans le ms. A, du vers vi. a, même manuscrit. vi. b. — Medechine ; B : médecine, forme française correspondant à la forme picarde. vi. c. — Asseür. D donne : a sehur, qu’il faut lire asehur ; l’h indique simplement la diérèse. Cf. D. xiv. vi. 1. — Homs. Ce mot a conservé ici à peu près toute la force étymologique de homo. Il est des cas, et il s’en rencontre plusieurs dans ce texte, où le sens devient plus général, et où l’on peut voir la transition qui a conduit au sens indéterminé de on, en français moderne et en vieux français. L’s est une irrégularité puisque homo n’en a point ; il est mis par analogie avec les noms qui suivaient en latin la deuxième déclinaison. On voit que déjà, au xiiie siècle, le sentiment de la déclinaison s’affaiblissait. L’en {l’an), au troisième vers, est une forme picarde, que l’on rencontre aussi dans d’autres provinces du Nord concurremment avec la forme l’on. o a une tendance à devenir a, sinon toujours dans l’écriture, au moins dans la prononciation. Cf. domina = dame, et dans notre texte (ii. 4,), Dame Diex = Dominus Deus. vi. 2 — To = tous, latin tolos. La forme primitive est évidemment totz, puis toz, z égalant ts. Le z a été mis aussi après un n, pour remplacer la dentale d ou t, qui s’intercale naturellement entre n et s (ex. anz de annus), comme entre n et r (ex. gendre, de generum, et en grec andros). Peu à peu, le sentiment de l’étymologie s’affaiblissant, les scribes ont mis sans cesse l’s pour le z, et vice-versa. Ainsi des mots comme sanz, douz, ardanz (Cf. le ms. A), qui dérivent de mots latins sans dentale, se rencontrent souvent écrits avec un z. Dès le xiiie siècle, la confusion est complète. Le ms. A, qui est le plus ancien des quatre, a tantôt z, tantôt s pour le même mot ; mais déjà l’s domine. vi. 4. — Ardent, de ardens. Les adjectifs qui en latin ont la même forme pour le masculin et le féminin, n’ont aussi qu’une forme pour les deux genres dans le vieux français. La langue moderne a conservé quelques traces de cette règle : Ex. grand mère, grand messe, etc. (où l’Académie met à tort une apostrophe car il n’y a jamais eu d’e muet), lettres royaux = litteræ regales,