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ivQuiconques trueve en feme discretion ne bien,
Sache bien sanz dotance ce n’est mie do sien :
Mes, s’ele se fet sage, humble et de douz maintien,
Soutinement velt dire : « Biax amis, cha revien. »

v Voies kome puet estre aaise, seine et lie,
Quant feme l’a en cure, et ele le castie.
Come brebis samble humble, c’est com lions hardie ;
Bien doit estre apelee « J’ai a non Fausifie. »

viHoms que feme a en cure, comment aurait mesaise ?
C’est une medechine qui de tos max apaise ;
L’en i puet aussi estre asseür et aaise,
Come plain poing d’estoupes en une ardent fournaise.

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  1. iv. Le ms C donne ce couplet avec quelques changements, et une interversion des deux parties du quatrain. Le voici :

    Femme si se fait humble, sage, de beau PARLER (sic)
    Pour couvertement dire: « Doulz amis, tost revien.»
    Mais quiconque y treuve discretion ne bien,
    Sache certainement ce n’est mie du sien.

    iv. b. — B : Dont sache sanz doutance.

    iv. c. — Mes s’ele. B : mes ele.

    iv. d. — B : Por couvertement dire « Doux amis, ça revien. »

    iv, — Ne = ni. Ce n’est qu’au xvie siècle que la forme ni apparaît concurremment avec la forme ne. Cf. au vers suivant s’ele = se ele, et xxi. a, Se honte ne un blasme.

    iv. 4. — Soutinement = subtilement. Le changement de l latin en n n’est pas sans exemple (niveau = libella) ; et réciproquement orphelin = orphanus.

    Biax, nom. sing. bel, rég. Biaus, biaux, biax étaient des formes parallèles (Cf. aujourd’hui beau et bel, et la note II. 1.).

    v. a. — Il faut lire, pour avoir un sens :

    Voies kome [HOMS] puet estre aaise, SEIN et lie,
    Quand feme l’a en cure, et ele le castie.

    J’ai traduit en conséquence.

    N. B. —Les formes kome, ki, ke, pour come, qui, que', sont des exceptions dans ce ms. Je les ai conservées cependant, pour être exact. De même pour les erreurs du copiste, me contentant de les rectifier en note, comme ci-dessus.

    B donne aux deux premiers vers :

    Oies come est aaise et come a bone vie
    Hom qui se fie en fame, quant ele le chastsie.
    C  : Se puet ame amer et estre seure et lie,
    Quant femme l’a en cure et elle le chastie.

    Ame est sans doute pris au sens de quelqu’un, on (une âme quelconque). Se pour si, adverbe. Cf. note IV, 1, ci-dessus.