Page:Marie de Compiègne - L’évangile aux femmes.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 21 —

IV.

L’ÉVANGILE AUX FEMMES

Le curieux fableau connu sous le nom de l’Évangile aux femmes se trouve dans trois manuscrits de la Bibliothèque nationale, qui portent les nos 1553, 837 et 1593 du fonds français, et dans le ms. no 298 de la Bibl. de Dijon. Mais comme toutes les œuvres du même genre qui ont joui d’une grande popularité, il a subi des remaniements successifs, qui n’ont guère laissé subsister qu’un fond commun de peu d’étendue ; de sorte que les différents manuscrits qui nous sont parvenus, sauf peut-être le plus ancien, portent tous l’empreinte particulière d’un poète nouveau qui, prenant un texte presque classique, n’en a gardé que le plan général et un certain nombre d’idées essentielles, ajoutant à son tour quelques couplets ou remplaçant ceux qui lui paraissaient moins heureux. On peut croire aussi qu’un pareil poème a dû se chanter parmi le peuple comme une ballade, et que chaque scribe a noté les couplets que sa mémoire lui fournissait, en y introduisant parfois de légères variantes de style et surtout d’orthographe. Parfois aussi des couplets nouveaux ont été insérés, avec l’intention arrêtée, comme nous le verrons tout à l’heure, de détourner la paternité de l’œuvre au profit du trouvère qui jugeait bon de se l’approprier. Six couplets seulement sont communs aux quatre manuscrits que nous avons pu consulter, comme on peut le voir par le tableau de concordance que j’ai joint à ce travail[1] en désignant pour plus de commodité dans la discussion le ms. no 1553 B.N. par la lettre A, le ms. 837 B.N. par B, le ms.

  1. v.page27.