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zinc ; mais les arguments qu’il faisait valoir ne parurent pas péremptoires au général roumain qui reprit avec calme :

— Je ferai observer à Votre Altesse que la sentinelle Comanesco a été relevée par le prince Liatoukine en personne, et que le caporal Isacesco s’est vu forcé de soustraire son camarade aux mauvais traitements que des officiers russes lui faisaient subir sous les yeux et avec l’approbation du susdit prince Liatoukine.

La logique de Cerneano était souverainement irritante. Nicolas Nicolaevitch comprit qu’il avait affaire à plus habile que lui et que, pour peu que la discussion continuât, la victoire serait indubitablement acquise à son adversaire. Afin d’éviter une conclusion insupportable à son orgueil personnel, S. A. I. prit le parti de hausser le diapason de sa voix et de se mettre vigoureusement en colère.

— Ce sont des détails, Monsieur, cria-t-il, des détails qu’il nous importe peu de connaître.

Il y a eu faute, vous voudrez bien en convenir, j’espère ; donc, il doit y avoir punition !

Le fauteuil gémit et le verre plein d’eau alla arroser la muraille,

Mais les extravagances grand-ducales n’eurent pas le don d’émouvoir Cerneano qui poursuivit tranquillement :

— Cependant, la nature déshonorante de la peine…

Le grand-duc sauta sur ses pieds.

— Ceci est plaisant, Monsieur, dit-il, et il commença à arpenter la salle dans toute sa longueur en repétant d’un ton ironique : — La nature déshonorante de la peine ! Il eût fallu remettre à vos compatriotes la croix de Saint-George, peut-être ? s’écria-t-il en faisant sonner avec fureur ses éperons sur les dalles.