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— Regarde ! dit-il.

Parmi les opales, les émeraudes et les diamants brillait l’humble bague de cuivre byzantine qu’Ioan avait donnée à sa fiancée !

— Ce n’est pas la bague de Mariora, dit-il.

Il se rappela que la dernière lettre du mot grec portait une marque particulière, une petite croix que son poignard y avait gravée. Il examina minutieusement l’anneau laissa retomber la main de Boris. La petite croix s’y trouvait !

— Mariora ! s’écria-t-il avec un accent déchirant.

Il jeta un regard de fou à tout ce qui l’entourait et poussant un affreux éclat de rire :

— Ah ! Mariora ! répéta-t-il. Il chercha instinctivement la main de Rélia que l’aspect de cette grande douleur impressionnait étrangement, puis il pleura comme un enfant. Il ne songeait plus à sa vengeance. Mariora était morte pour lui ; désormais sa vie serait sans but, sans amour !…

Et, autour de ce groupe désolé, les Russes ricanaient.

Le bruit des voix avait attiré une douzaine de Cosaques. Liatoukine leur montra les deux Roumains.

— Vingt-cinq coups de knout pour le petit, dit-il ; cinquante pour le grand !

 

Le lendemain une agitation singulière régnait dans le camp roumain. Les officiers, qui déguisaient à grand’peine leur colère, s’entretenaient à mi-voix, et les soldats, moins circonspects, proféraient des menaces de mort à la seule apparition d’un shako moscovite. Le bruit courait qu’un colonel russe avait fait knouter deux dorobantzi.

Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.