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Isacesco crut être sous l’empire d’un horrible cauchemar. Ce nom de Mariora qu’il prononçait comme celui d’une divinité, ce nom volait, accompagné d’épithètes équivoques, sur les bouches de ces libertins ! Ils connaissaient donc Mariora ! Où, quand, comment l’avaient-ils connue ?…

Ce flot de questions montait aux lèvres desséchées du dorobantz, lorsque Bogoumil, enfonçant les deux mains dans ses poches, s’avança de nouveau vers lui et le considérant avec une curiosité impertinente :

— C’est toi, mon garçon, qui dois épouser la Maroussenka ? [1]

— C’est moi ! dit Isacesco indigné, et je te défends…

— Eh bien ! sincèrement… je te félicite, je te félicite, répéta Tchestakoff avec une feinte bonhomie. Et il regagna sa place en faisant le gros dos.

Iégor à son tour se leva, et avec ce dédain de grand seigneur dont ses moindres mouvements et ses propos les plus insignifiants étaient empreints : — C’est grand honneur pour toi ! dit-il du haut de sa noblesse.

Les paroles de Stenka furent encore plus claires.

Isacesco chancela, un nuage rouge passa devant ses yeux.

— Tu mens ! s’écria-t-il en broyant le bras de l’officier sous son étreinte désespérée, tu mens !

Stenka dégagea tranquillement son bras et levant les épaules : — Je mens ? dit-il. Interroge plutôt Liatoukine.

— Dis-moi qu’il a menti, et je te croirai ! fit Isacesco d’une voix étouffée.

Liatoukine présenta lentement sa main droite au dorobantz.

  1. Diminutif russe de Marie.