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sieur, grinça-t-il, ne joignez pas l’insulte à vos autres torts. Vous pourriez avoir à vous en repentir.

Comanesco se tut. Son regard ne quittait pas une énorme glace, brisée en plusieurs endroits, qui lui faisait face, et ses traits exprimèrent soudain un sentiment qui tenait à la fois de la joie et de la douleur. — Je suis faible et petit, dit-il d’une voix que l’espérance faisait trembler, mais je ne suis pas si oublié et si abandonné que je ne puisse trouver encore un cœur ami qui ait pitié de ma faiblesse et un bras puissant qui la protège !

À moi ! à moi ! Isacesco !

VII

O Frailty !…


Les sifflements des lanières cessèrent de se faire entendre. Près de Comanesco exténué et sanglant venait d’apparaître un inconnu à la stature élevée, aux traits farouches. Sa main gauche froissait une liasse de papier et sa main droite s’étendit, avec un geste plein de noblesse, entre Rélia et ses bourreaux. Évidemment, cet homme était fort et avait conscience de sa force ; et, sans qu’ils se rendissent compte de l’influence à laquelle ils obéissaient, les Russes reculèrent devant lui comme le chacal devant le lion.

Rélia avait reconnu Ioan, Ioan s’était souvenu de Rélia ; il acquittait la dette contractée par Mariora, et la bouche du boyard effleura les doigts hâlés du paysan.

Le regard du dorobantz, extraordinairement calme, reposait en quelque sorte sur l’assemblée ; pas un mus-