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et la lanière du knout effleurait déjà la chevelure de Comanesco.

— Non ! dit-il d’une voix ferme.

Et le knout descendit.

À ce contact infâme, Rélia bondit à l’autre extrémité de la salle, ses poings se serrèrent convulsivement, un éclair jaillit de ses yeux bleus, si doux d’ordinaire, et avec une énergie que son apparence frêle et maladive ne laissait guère supposer :

— Lâches ! s’écria-t-il, qui n’avez pas honte de vous attaquer à un enfant !

L’épithète de « lâches », si justement appliquée, porta à son comble la fureur des Russes excités déjà par des rasades d’alcool successives.

— Ah ! tu refuses de reconnaître la puissance de notre volonté ! vociféraient-ils ; eh bien ! nous te ferons sentir combien sont pesants nos bras moscovites ! et, comme nous t’écrasons ici, nous anéantirons un jour ton misérable pays et tous les hommes de ta race exécrée, s’ils ne veulent se prêter à nos exigences !

Et, sous l’impulsion frénétique de ces bandits, les knouts fendaient l’air et traçaient des raies bleuâtres sur les membres du malheureux jeune homme, incapable de se défendre.

Liatoukine, qui n’avait rien perdu de son indifférence habituelle, s’avança vers ce groupe de damnés, et du geste, modérant leur ardeur :

— Messieurs, dit-il, vous frappez trop fort.

L’aspect et les paroles de Boris exaspérèrent le pauvre Roumain : — Et c’est toi, s’écria-t-il, toi, que mon père a accueilli sous son toit comme un fils !… Ah ! tu es encore plus vil que tes vils sicaires !

Les yeux jaunes de Liatoukine étincelèrent. Mon-