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pour ne pas le savoir, ajouta-t-il en songeant à la fillette au chien.

Eu te iubescù, dit Rélia.

Iéou té ioubesk ! répéta Iégor avec un pénible mouvement de mâchoire. Belle langue, mais un peu dure !

— Rélia, mon ami, tu serais bien gentil si tu voulais nous chanter une chanson de ton pays, une doïna, afin que nous puissions juger du génie de l’idiome, dit Bogoumil en prenant son air patelin.

Mais les enseignements de Domna Rosanda avaient porté leurs fruits.

— Oh ! fit Mlle Aurélie avec une moue dédaigneuse, les doïne sont des chansons de paysans !

— Il ne faut pas que ces airs roturiers souillent ton gosier aristocratique, dit sentencieusement Sokolitch. Aussi bien, ne tenons-nous pas beaucoup à la chanson, n’est-ce pas, colonel ?

Liatoukine ébaucha un signe négatif.

— Mais comme tu ne chantes pas, reprit Bogoumil qui se faisait de plus en plus persuasif, tu avoueras que c’est bien le moins que tu danses.

— Moi ! danser ! fit Rélia avec un rire ingénu.

— Le colonel Liatoukine a manifesté l’intention d’écrire un opuscule sur les différentes danses moldo-valaques, et il compte sur toi pour l’initier aux mystères de la hora que tu vas nous danser incontinent.

— Je ne puis pas danser la hora tout seul, répliqua le pauvre Comanesco, puisque la hora est une ronde.

— Eh bien ! vous avez la batuta, le piper, que sais-je ! On n’a que l’embarras de choisir.

— La batuta ! le piper ! s’écria Mlle Aurélie, mais ce sont des danses d’ivrognes !