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— Était-elle belle ? reprit Tchestakoff d’une voix tonnante en secouant fortement le pauvre étudiant.

— Oh ! oui ! soupira enfin celui-ci sans lever les yeux.

— Et comment s’appelait-elle ? continua Iégor qui voulait analyser ce roman de la vingtième année.

Mais Rélia se laissait, pour ainsi dire, arracher les paroles d’entre les dents.

— Athénaïs Beaubuisson, articula-t-il tout bas.

— Athénaïs ! s’écria Bogoumil d’un ton pénétré, c’est un nom splendide qu’Athénaïs !

— Athénaïs signifie… commença l’étudiant, pensant qu’une définition étymologique viendrait fort à propos détourner le cours d’une conversation qui mettait sa modestie au supplice.

— Nous ne nous adressons pas au philologue, interrompit Sokolitch, nous parlons à l’amoureux.

Le terrible interrogatoire recommença et Rélia se décida à entrer dans la voie des aveux.

— Quel âge avait-elle ?

— Près de trente ans.

— Peste ! elle était mûre ! exclama Bogoumil.

— S’il vous plaît ?…

— Et… et tu la voyais souvent ? dit Tchestakoff qui ne perdait pas facilement son sang-froid.

— Oh ! pas si souvent que je l’aurais voulu ; une fois par mois, quand j’allais payer le terme.

— J’aurais payé le terme tous les jours ! roucoula Mlle Aurélie de va voix la plus tendre.

— Payer le… quoi ? fit Bogoumil qui n y comprenait plus rien.

— Le terme, répéta complaisamment le jeune Rélia. C’était ma propriétaire, boulevard Saint-Michel, 55.

Un signe de Liatoukine arrêta sur les lèvres de tous