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qui te ferait cadeau d’un anneau qui coûte, certainement, plus de cent leï ! [1].

Tout objet brillant ou inconnu est estimé à cent leï par la villageoise roumaine.

— Zamfira ! Zamfira ! dis-leur donc que c’est lui qui me l’a donnée ! criait Mariora exaspérée.

Le témoignage de la Zamfira eut plus de poids que le sien propre et elle poursuivit indignée : — Ah ! vous en croyez moins mes paroles que celles d’une Tzigane ! Je sais que vous me haïssez, je sais que vous êtes jalouses de moi parce que mon Ionitza.…

Un éclat de rire, parti avec un ensemble étonnant, couvrit la voix irritée de la pauvre Mariora.

— Ton Ionitza ! ton Ionitza ! Un bel oiseau, vraiment, pour nous rendre jalouses !

— Trois hectares de terre où le froment ne vient pas parce que le sol est trop humide !

— Une cabane où le toit laisse passer la pluie parce que le vieux Mané est trop avare pour le faire raccommoder !

— Une table boiteuse, trois chaises et deux méchantes couvertures pour tout mobilier, et quelle vaisselle, grand Dieu !

Un sourire vint éclairer les traits de Mariora.

— Ioan Isacesco n’est point si pauvre que vous le pensez, dit-elle avec dignité, car je ne possède rien qui ne lui appartienne !

Elle était vraiment belle en parlant ainsi et cette réponse inattendue paraissait avoir tari la verve caustique des jeunes Valaques déconcertées, quand la petite Ralitza, vrai démon en jupons, prit un air ingénu et, mordant le bout de son pouce :

  1. Cent francs.