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l’exemple la gagnant, elle se remit à pleurer aussi. Isacesco courait de l’un à l’autre, relevant le courage de Sloboziano, adressant un mot de consolation à Zamfira et, surtout, s’efforçant de calmer Mariora qui pleurait d’autant plus fort qu’ignorant les dangers que son fiancé allait courir, elle n’avait aucune raison de le faire.

Au reste, Isacesco semblait plus irrité qu’ému.

— Le soir tombe ! répétait-il sans cesse : séparons-nous !

Enfin, on se résigna à suivre son conseil. Un baiser, une pression de main, quelques mots murmurés à l’oreille, beaucoup de larmes et ce fut tout. Mitica, sentant que l’attendrissement le gagnait de plus belle, emboîta héroïquement le pas à Isacesco qui, à son tour, s’attardait auprès de Mariora.

— Marche bien vite, lui disait-il avec une agitation singulière, suis les grandes routes, évite les chemins creux et ne quitte pas Zamfira, entends-tu ? ne quitte pas Zamfira ! répéta-t-il en scandant ses paroles.

— Je ferai comme tu dis, mon Ionitza, au revoir, reviens vite et ne m’oublie pas !

Adio ! s’écria une dernière fois le dorobantz, et les deux soldats prirent leur course vers la ville, tandis que derrière eux retentissaient toutes les expressions roumaines qui servent en pareille occasion : La rexedere ! Cale bunà ! Remaì sènàtos ! [1].

— Il est parti ! fit Mariora quand les replis de la foule se furent refermés sur l’uniforme blanc des deux amis. Jamais je n’avais vu partir Ionitza ! Comme c’est triste, un départ !

Un vague étonnement se peignait sur sa physionomie,

  1. Au revoir, bon voyage, demeure en bonne santé.