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— Hier on mariait la Zinca, fit une autre : ils ont tenté d’enlever la mariée !

— Bah ! ils n’auraient pas enlevé grand’chose.

Un bruyant éclat de rire accueillit ces paroles ; celle qui les avait prononcées reprit, en s’adressant à une jeune fille dont les vêtements semblaient plus grossiers que ceux de ses compagnes et qui dans ses cheveux, d’un noir de jais, n’avait que des rubans rouges déjà fanés par l’usage :

— Et qu’as tu répondu à ce téméraire étranger ?

— Moi ? rien, dit la fille aux rubans rouges ; je ne comprenais pas même ce qu’il disait ; j’ai marché plus vite, voilà tout. Au reste, j’avais mon chien qui m’aurait bien défendue.

— Elle est sauvage, la Zamfira ! s’exclama Ralitza, une brunette qui ne l’était pas du tout.

— Je hais les Russes ! murmura celle qu’on venait d’appeler Zamfira.

— Non, s’écria la fille d’un riche meunier, la Zamfira n’est que fidèle !

— Ah ! ah ! fidèle ! Elle a donc un fiancé, la petite ? Est-ce le forgeron Stanciù ou le montreur d’ours Stroïtza ?

Zamfira rougit et ne répondit pas, mais une larme trembla au bord de ses cils.

— C’est qu’on ne peut pas se montrer bien difficile quand on a du sang tzigane dans les veines ! insinua Ralitza. Qui voudrait d’une Tzigane pour femme ?

— Je sais qui, moi, fit l’ainée de la troupe, et je vous défends de taquiner davantage la pauvre Zamfira qui vaut mieux que vous et moi.

Zamfira sourit et leva ses veux pleins de reconnaissance sur sa protectrice qui lui serra doucement la main.