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trer son danseur aux yeux bleus, Iégor Moïleff qui porte avec beaucoup de grâce une blessure intéressante. Il demande à consoler madame Privighetoareano. La pauvre princesse est fort perplexe ; Décébale, excusant volontiers ses propres peccadilles, se montrerait peu indulgent pour celles de sa femme.

Le palais Comanesco est devenu le paradis terrestre des popes, igoumènes, archimandrites qui y trouvent à toute heure bon souper, bon gîte et… quelque cadeau en espèces. Domna Rosanda s’est jetée à corps perdu dans la dévotion ; le chapelet a remplacé l’éventail entre ses doigts, elle porte des robes sombres, parle du nez et se propose de bâtir une église.

Androclès seul est heureux. Il a versé deux pleurs sur les tombes d’Aurelio et d’Epistimia. — Nous sommes tous mortels ! a-t-il dit avec un à-propos délicat ; puis il a passé le revers de sa main sur ses paupières humides et il est retourné à ses affaires. Dans le district de Vlasca, il construit une sucrerie qui servira de pendant à l’église de son épouse. Au Sénat, on le remarque parmi les orateurs muets. Sa gloire est à l’apogée : l’ordre de l’Étoile de Roumanie lui a été décerné en même temps qu’au pâtissier Capsa et au brasseur Opler, deux personnalités bien connues à Bucharest[1].

Quant à Liatoukine, il promène de nouveau son insolence dans les salons de Saint-Pétersbourg. Il n’est bruit que de son étrange aventure. Les dames plaignent fort le sort de la malheureuse princesse Liatoukine, troisième du nom, et pas une n’aspire à lui succéder. Les vieilles douairières superstitieuses prétendent que le prince Boris est bel et bien mort à Grevitza. Le Liatoukine que le

  1. Rigoureusement historique.