Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134

tique aux mariages du rite grec-orthodoxe. La mariée était grande, l’homme d’État était petit. Celui-ci, qui sentait sa gravité compromise, se dressait sur la pointe des pieds et faisait des efforts désespérés pour conserver l’équilibre, à son mécontentement propre et à l’extrême joie du public gouailleur dont il n’était plus l’idole.

— Qui donc marie-t-on ? demanda Mariora à une femme du peuple qui bavardait beaucoup plus que la sainteté du lieu n’eût dû le lui permettre.

— Isus-Christos ! la petite mère, tu ne dois pas être de la ville pour m’adresser une question pareille ! Depuis un mois on ne parle que de ce mariage. C’est une belle affaire pour tous deux ! Je ne crois pas qu’il s’adorent comme des tourtereaux ; mais, lui a deux millions de roubles… et les bonnes grâces de l’empereur de Russie ; elle possède des terres, des terres… que ça n’en finit pas !

— Mais enfin… insista Moriora.

— On y est, ma poulette. Le prince Androclès Comanesco marie sa fille Epistimia au général Boris Liatoukine, comme ils disent.

— Ce n’est pas vrai ! riposta Ioan avec énergie, Boris Liatoukine est mort !

— Ah ! ah ! ricana la commère, tu as le cerveau faible, mon garçon ! Mort ! les morts ne sont pas si gaillards !

La cérémonie finissait comme la mégère prononçait ces paroles, et les mariés, suivis de leur cortège, se dirigèrent lentement vers la porte de sortie, largement ouverte.

Mariora tomba inanimée entre les bras de son mari.

Près de la princesse Epistimia qui s’avançait, hautaine et méprisante, marchait Boris Liatoukine, en grand uniforme de général russe ! Boris Liatoukiue qu’on di-