Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133

oiseau a été, pour moi, le précurseur… de Liatoukine.

— Mais, puisque Liatoukine est mort…

Un signe de Mariora coupa la parole à Ioan. — Mon Ionitza, supplia-t-elle, ne parlons plus de cet homme.

Onze heures sonnaient quand ils arrivèrent à Bucharest. Le cabinet du ministre ne devenait accessible qu’à midi ; et, comme ils arpentaient la rue Mogosoï, Mariora, qui éprouvait le besoin de détruire l’impression fâcheuse que la rencontre du coucou avait produite sur elle, proposa de visiter l’église Sarindar. On y célébrait un mariage, mariage de boyards à en croire les toilettes splendides des dames, l’uniforme des officiers composant le cortège des mariés et la présence de l’archevêque métropolitain qui officiait en personne.

— Bon augure ! pensa Mariora rassurée : nous reverrons Mitica.

Entraînant Ioan à travers la foule des spectateurs qui remplissaient le temple, elle se plaça le plus près qu’elle put de la catapeteasma (l’iconostase des Russes). De l’endroit où ils étaient, ni Ioan ni Mariora ne pouvaient voir le visage des fiancés. Au reste, la beauté de la mariée importait peu à madame Isacesco qui n’avait d’yeux que pour la robe de satin blanc, ornée de dentelles et ruisselante de diamants. Les regards de l’ex-dorobantz ne quittaient pas le marié. Cette taille élevée, cette tournure raide, cet uniforme, surtout, n’étaient point inconnus à Isacesco.

— Où donc ai-je vu cet homme ? se demandait-il en attendant impatiemment que l’officier se retournât.

La cérémonie fut marquée par un incident assez plaisant. Un personnage politique (j’allais dire historique) s’était chargé de tenir la couronne nuptiale suspendue au-dessus de la tête de la mariée, ainsi que cela se pra-