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en s’endormant, Zamfira se disait que le lendemain ramènerait l’absent.

Que de fois Isacesco ne dut-il pas recommencer le récit de ses aventures ! Mariora ne se lassait pas de l’entendre raconter les scènes émouvantes de la prise de Grevitza ; la triste fin du boyard Rélia « qui ne parlait que vignes et maïs » lui arrachait des larmes, et quand il était question de la mort de Liatoukine, elle baisait la main qui avait enfoncé le poignard dans la poitrine de l’homme aux yeux jaunes.

Maintenant que le capitaine Vampire n’existait plus, les fourrés épais du bois de Baniassa avaient perdu la propriété de terrifier la fille du pope, et la proposition qu’elle fit de retourner au village fut acceptée à l’unanimité.

Le mois de janvier s’était écoulé en préparatifs de tous genres. Il avait été décidé que les nouveaux époux habiteraient la maison des Slobozianii, et Mariora faisait venir de Bucharest quantité de meubles inutiles qui lui étaient nécessaires et qui encombraient tous les coins. Baba Sophia criait à l’abomination. Les armoires auraient contenu le linge de vingt familles ! L’Assemblée nationale tout entière eût trouvé à s’asseoir, tant il y avait de chaises ! Jadis on s’estimait heureux de pouvoir s’accroupir sur un plancher raboteux ! etc.

Ce à quoi Mariora répondait que le passé était le passé, qu’on bourrerait les tiroirs de belle toile fine et qu’on inviterait le primar[1] à dîner.

La date du mariage était irrévocablement fixée au 15 février.

La veille au soir, tandis qu’Isacesco s’attardait chez

  1. Le maire.