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— Avec ça qu’elle était en cuivre, ta bague ! recommença la terrible marraine. Nous n’avons que faire de tes brimborions de pacotille ! Laisse ma filleule tranquille. Elle est beaucoup trop belle pour un boiteux comme toi. Si tu ne veux plus d’elle, dis-le tout de suite et sans tant de jérémiades, hein ! Il nous en viendra, des épouseurs, et de plus huppés que le fils de ton père !

Baba Sophia s’arrêta pour reprendre haleine.

— Moi, épouser la maîtresse de Boris Liatoukine ! s’écria Isacesco indigné, tu rêves, la vieille !

À ces mots, Mariora releva la tête, ses larmes se séchèrent dans ses yeux, elle s’avança vers Isacesco et se dressa froide et blanche devant son fiancé.

— Je ne comprends pas, dit-elle doucement.

— Tu es la maîtresse de Boris Liatoukine, répéta durement Ioan ; oseras-tu nier que ce ne soit vrai, malheureuse ?

— La maîtresse… bégaya Mariora atterrée. Elle s’appuya contre un meuble, ses lèvres pâlirent, son regard s’alluma.

— Qui vous a dit cela ? demanda-t-elle frémissante.

— Liatoukine lui-même.

— Il a menti ! s’écria-t-elle d’une voix que la colère faisait vibrer, il a menti ! répéta-t-elle en s’approchant du cadre doré qui renfermait une gravure richement enluminée et représentant la Vierge ; je le jure devant les saintes images.

— Quand on te dit qu’il a menti ! reprit Baba Sophia en s’animant de plus belle. Où as-tu pris ces belles imaginations, hein ? pour aller jaser sur le compte des honnêtes femmes ? Il ferait beau voir qu’un adolescent qui n’a pas de barbe au menton vînt faire la morale à la vieille Sophia ! N’ai-je pas toujours donné à la petite