à ses bras de fils du peuple, que les hommes étaient tous égaux devant Dieu et les événements, il arriva au quartier général roumain. Mais Rélia parut s’opposer à ce qu’il descendit de cheval, sa main ne lâchait pas la ceinture d’Isacesco.
— Nous sommes chez nos amis, dit celui-ci en mettant un pied hors de l’étrier.
Rélia ne répondit pas et retint son compagnon avec force : Isacesco comprit qu’il était mort.
À la vue du cadavre, Leganesco se découvrit avec ce respect que professent les Roumains pour ce qui a été un homme.
— Son nom ? demanda-t-il tout bas, comme s’il eût craint de troubler le sommeil du mort.
— Aurelio Comanesco, de Bucharest, répondit Isacesco.
— Le cousin de Cerneano ! celui qu’on a ?…
— Oui, interrompit Isacesco. Moi, je suis l’autre ! ajouta-t-il simplement.
Leganesco se frappa le front, et, attirant le dorobantz près de la veilleuse qui faisait naître sous la tente plus d’ombres que de clartés :
— C’est vrai ! dit-il : je te reconnais ! Mon garçon, reprit-il après un silence, pardonne-moi le mal que je t’ai fait indirectement en t’envoyant vers ce Belzébuth incarné.
— Au contraire, mon colonel, je vous remercie !
Et laissant Leganesco à son ahurissement, Ioan s’éloigna après avoir déposé un dernier baiser sur le front glacé d’Aurelio ; puis, comme il avait dit qu’il le ferait, il retourna vers Grevitza.
Le ravin était franchi, la redoute n’était pas prise.
— Malédiction ! s’écria-t-il.