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— Que c’est la Saint-Alexandre ?

— Non ! que vous êtes Roumains !

Une violente fusillade éclate, des clameurs atroces se font entendre.

— Qu’est-ce, général ?

— Un régiment qui meurt.

— Où donc ?

— À gauche, dans la vallée ; suivez-moi, mes enfants !

Rélia se serre contre Isacesco et récite mentalement les prières que Domna Rosanda a pris soin de lui apprendre.

— Tu as peur, petit ! lui dit un caporal qui porte une balafre au front :

— Je veux m’en aller ! sanglotte Mlle Aurélie en roulant des yeux égarés.

— Eh bien ! nous nous en irons, mon pauvret, et plus tôt que nous ne voudrons !

— Hourrah ! les morts vont vite ! s’écrie un sous-lieutenant qui revient de Leipsick : nous sommes morts, ou à peu près !

Ajutatzi ! ajutatzi ! [1] Ces cris de désespoir qui s’élèvent de la vallée rallument la colère des Roumains.

— Jette ton fusil, dit Isacesco à Rélia éperdu, et donne-moi la main.

Rélia obéit machinalement.

Braves dorobantzi ! plus fougueux que les zmeï de la légende, voilà qu’ils se précipitent dans le vallon. Les talus sont glissants, les hommes roulent les uns sur les autres. Il grêle du plomb. L’incessante mousqueterie turque fait d’affreux vides dans les rangs. Qu’importe ! Les camarades sont en danger : on les sauvera, à moins

  1. À l’aide.