Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
93

— Frère ! s’écria-t-il en se précipitant dans les bras d’Ioan, nous allons être massacrés !

— Oui ! fit Isacesco impassible.

— J’ai du poison ; en veux-tu ? Ce sera plus court et nous souffrirons moins.

— Oui !

Rélia lui présenta un petit paquet, plein de poudre blanche, qu’il tira de sa ceinture.

Ioan laissa tomber le tout dans une ornière remplie d’eau.

— Eh bien ! que fais-tu ? s’écria Comanesco.

— Mon devoir ! C’est notre dernier jour : ne soyons pas lâches !

— Oh !… mais ils vont nous faire du mal, ces Turcs !

— Pas plus que ne nous en ont fait les autres !

— J’ai peur, frère ! Tu ne me quitteras pas, n’est-ce pas ?

Isacesco se rappela que ces mêmes paroles avaient été prononcées un jour par Mariora.

— Non ! dit-il.

Rélia soupira.

— Oh ! que tu es heureux d’avoir du courage ! J’ai peur des corbeaux, frère !

— Quand les corbeaux sont là, la douleur est éteinte !

— Je ne veux pas rester ici, gémissait l’enfant, je veux revenir dans mon pays ! Oh ! la terre roumaine ! Qui me rendra la terre roumaine !

— Moi !

— Toi ? s’écria Rélia avec un sourire incrédule.

— Si tu meurs, je porterai ton corps au quartier général et tu pourras dormir dans la terre natale.

— Oh ! Ioan ! est-ce bien vrai ? tu feras cela ! Et moi, que ferai-je pour toi, pauvre inutile que je suis ?