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Et, sans voir les larmes d’attendrissement qui coulaient le long des joues du pauvre Turc, il releva son arme, visa… le coup partit. Un Cosaque glissa de son cheval.

Isacesco se mit à rire.

— Ah ! ah ! le hasard ! C’est moi qui suis le hasard !

Sans crainte des bachi-bouzouks et des Cosaques maraudeurs, il parcourait les champs de bataille, une lanterne sourde à la main, examinant et palpant chaque cadavre.

— Que cherches-tu, camarade ? lui disait-on.

— Je cherche quelqu’un que je voudrais retrouver debout, répondait-il.

Un jour, en plein combat, il eut l’idée de fuir, de retourner en Roumanie ; il fit quelques pas en arrière… et revint s’exposer au feu des Turcs : il leur prit un drapeau.

Mais on ne décore pas un héros qui a cinquante coups de knout dans son passé.

Le général Cerneano, à qui le tzar avait envoyé un nombre prodigieux de croix de Saint-George, eut le regret de n’en pouvoir décerner une au brave dorobantz ; il lui donna, en compensation, une poignée de main moins banale que la décoration moscovite.

Mitica tordit et retordit méthodiquement sa croix, et quand elle ne fut plus qu’une boulette de métal, il la lança dans la Vid en s’écriant : — Je ne veux pas de leur or infâme !

Cerneano vit le geste et entendit l’exclamation de Sloboziano, mais il n’en fit rien paraître : officiers et soldats, tous haïssaient les Russes.

Le matin du 11 septembre, le vieux général, qui est l’idole de l’armée roumaine, réunit ses troupes et leur adressa cette courte allocution :