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Rélia était abattu, hébété ; il se traînait au bras de son ami ; ses blessures, mal cicatrisées, le faisaient cruellement souffrir et il s’’évanouit devant le général Cerneano, qui se trouvait être son cousin à la mode de Bretagne, ou à la mode de Roumanie, ce qui est tout un. Isacesco, que sa constitution robuste rendait moins sensible aux souffrances physiques, avait au contraire la démarche fière, le sourire presque joyeux. Un Cosaque fit observer qu’il portait gaillardement ses cinquante coups de knout. Une transformation complète semblait s’être opérée en lui ; il avait le front inspiré d’un illuminé ou d’un martyr, et l’on eût dit que son œil contemplait quelque chose au-dedans de lui-même. Mitica marcha droit à lui, et, lui glissant entre les mains l’ancien poignard à manche de corne du vieux Mané :

— Pour le Liatoukine ! dit-il.

Puis tirant à moitié de sa gaîne le kangiar suspendu à sa propre ceinture : — Pour la Mariora ! murmura-t-il tout bas.

VIII

La Saint-Alexandre.

Le temps finit toujours par endormir les douleurs bruyantes qui se traduisent en plaintes et en sanglots ; les douleurs muettes sont hors de sa sphère d’action bienfaisante.

Isacesco ne reparla plus de Mariora.

Les dorobantzi et les calaretzi étaient campés autour de Plevna. Les embuscades se rencontraient à chaque