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les forçats du mariage

sa fille. La pauvre enfant n’a plus qu’une vieille grand’mère, une véritable duègne, qui lui rend la vie fort triste. Mes préoccupations pécuniaires et matrimoniales me l’avaient fait négliger un peu. Je viens de la voir pour lui annoncer mon mariage. Ma belle pupille m’a paru un peu languissante. J’ai pensé qu’un changement de vie et de milieu lui serait salutaire. Je me suis souvenu de vous, de votre caractère excellent, de vos principes austères, de vos aspirations vers la vie de famille, et je me suis dit : Voilà le phénix qu’il faudrait à Juliette. Quoique je ne sois guère religieux, je suis un peu superstitieux. Je crois qu’en m’acquittant envers la mère, ce mariage, qui ferait en même temps deux heureux, me porterait bonheur.

— Ah ça ! dit Étienne, c’est donc sérieux ?

— Très-sérieux.

— Alors, donnez-moi quelques renseignements sur la jeune personne et sur sa famille.

Robert lui raconta l’histoire douloureuse de Mme Delormel ; puis il ajouta :

— Vous le voyez, elle a eu l’enfance la plus abandonnée et la plus triste. Je vous assure qu’elle n’a pas été gâtée, et qu’il vous sera facile de la rendre heureuse.

— Mais alors, pourquoi ne l’avez-vous pas épousée ? questionna Étienne toujours soupçonneux.

— Parce qu’elle n’a que 200 000 francs de dot, et que j’ai 700 000 francs de dettes. Enfin, je lui