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préface

d’une croyance et d’une loi morale qui croulent de toutes parts.

Sans doute la loi essentiellement chrétienne de l’indissolubilité, car ce fut d’abord un dogme avant d’être une loi, eut sa raison d’être. Dans la primitive Église, elle a joué incontestablement un rôle moralisateur. Elle a sauvé alors la famille qui périssait à Rome par le divorce ou plutôt par la répudiation trop facile.

Sans doute, dans ces temps à demi barbares, le système de l’indissolubilité fut lié au triomphe de la civilisation elle-même. On ne peut en nier d’ailleurs la grandeur morale.

Certes, l’éternité du lien conjugal serait l’idéal. C’est l’espérance de l’infini déposée dans les cœurs.

Il est impossible de s’aimer profondément, ardemment, sans souhaiter l’éternité de l’amour.

En outre, l’amour a besoin de durée, parce que c’est un élément de perfectionnement et de progrès, et parce que la famille est son but ; or, on ne peut se modifier en quelques mois, ni élever des enfants en quelques années.

Enfin la polygamie énerve les populations qui la pratiquent. Le changement de relations porte aux excès, et les excès produisent chez l’individu un affaiblissement moral et physique, qui vicie la génération dans son germe.

Quels doivent être en effet l’esprit et le but de