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les forçats du mariage

— Messieurs, dit à son tour Robert, je bois aux amours illégitimes, les seules que Dieu reconnaisse ; car elles ne sont faussées, ni par l’ambition, ni par les plates convenances du monde ; les seules honnêtes et morales, puisqu’elles ne reposent pas sur le mensonge.

— Qui attaque le mensonge ? Au mensonge, la base de nos sociétés morales, civilisées et indéfiniment perfectibles !

— Aux Français de la décadence, ces singes perfectionnés qui ont pris aux Anglais toutes leurs vilaines manières, leurs chevaux efflanqués, leurs jockeys ouistiti et leurs faux cols !

— À la corruption des mœurs qui nous fait la vie douce et l’amour facile !

— Oui, à la liberté de l’amour !

— À la variété surtout !

— Comprend-on, mesdames, que, dans un siècle comme le nôtre, affolé de liberté, la liberté de l’amour soit la seule que personne ne songe à réclamer ?

— Quelle nécessité, puisque chacun la prend ?

— À bas le mariage ! cria de nouveau Robert, le mariage qui casse l’aile à l’amour. Ou plutôt non, vive le mariage ! cette chasse réservée, chère aux braconniers.

— À bas la famille ! vociféra une voix d’énergumène, ce foyer glacé, ce vrai nid de discordes, de haines, de procès.