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les forçats du mariage

— Et les femmes, à ce qu’il paraît.

— Hein ! j’ai deviné. C’est la princesse qui vous a empêché de venir hier. Je vous pardonne, car moi aussi j’adorerais les princesses.

— En effet, une rupture difficile, repartit Robert, qui voulait commencer sa confession générale.

— C’est bon, c’est bon ; je connais cela. Mais que direz-vous à Marcelle pour obtenir votre pardon ?

— La vérité.

— La vérité ! juste ciel ! Gardez-vous en bien. Est-ce qu’on avoue jamais ces choses-là ? C’est déjà bien assez qu’elles se doutent, ces pauvres femmes ! Ah ! une petite recommandation : Marcelle est une charmante fille, vous en ferez une délicieuse comtesse. Mais elle est fort impressionnable. Sa mère l’a beaucoup trop gâtée. Que voulez-vous ? les mères sont si tendres ! Et moi, les affaires, les coulisses, — les coulisses de la Bourse et un peu aussi celles des théâtres, ajouta-t-il en se cambrant d’un petit air fat — m’ont empêché de veiller à son éducation. J’aurais voulu la mettre au Sacré-Cœur. Impossible ! Mme  Rabourdet, qui est jalouse, n’ayant plus que moi à aimer, m’eût accablé de sa tendresse. J’ai fermé les yeux ; car je suis bon homme. Donc Marcelle, élevée en serre chaude par une mère trop faible, est un peu nerveuse quelquefois. Elle ne se plaindrait pas ; elle souffrirait en dedans. Ayez des ménagements pour la chère petite. Si vous deviez la tromper, trompez-la bien. Que jamais elle ne se