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les forçats du mariage

— Tu veux donc l’épouser !

Marcelle, pour toute réponse, jeta ses bras au cou de sa mère. Et un instant, ces deux excellentes créatures confondirent leurs larmes.

— Promets-moi, du moins, reprit Mme  Rabourdet, que tu m’aimeras toujours un peu.

— Est-il possible que je cesse de t’adorer, chère mère, tu m’aimes tant !

— Et je te verrai tous les jours, n’est-ce pas ?

— Sois tranquille, j’obtiendrai de mon mari que nous ne nous quittions jamais.

— Au moins je serais là pour te défendre, si…

— Contre mon mari ? Il m’aimera, va, j’en suis sûre. Je l’aimerai tant, moi !

— J’espère bien qu’il t’aime déjà. Ne te l’a-t-il pas dit encore ?

— Non ; mais ce n’est pas étonnant, tu restes toujours là.

— Eh bien ! il viendra tout à l’heure sans doute, je te laisserai seule avec lui.

— Il me semble que j’aurais peur.

— Tu as raison, je resterai ; c’est moi qui l’interrogerai, et je saurai bien découvrir…

En cet instant même on sonna à la porte extérieure de l’hôtel.

Marcelle tressaillit, s’élança vers la croisée. Elle vit entrer le comte. Et toute rouge, le regard joyeux, le visage transfiguré :

— C’est lui ! s’écria-t-elle en s’appuyant à un