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les forçats du mariage

simple mercier, et en avait gardé l’aptitude pour les détails minutieux de l’existence.

Mais « sa haute intelligence, c’est lui qui parle encore, aspira bientôt à reculer les bornes de cet horizon mesquin. » Les grandes affaires, les vastes spéculations l’attiraient impérieusement. Il se sentait créé pour les hautes fonctions sociales. Il lui fallait une royauté, n’importe laquelle. Ayant appris qu’en Amérique, un riche spéculateur avait reçu le surnom de roi de l’huile « oil king, » la vocation de Démosthènes Rabourdet fut aussitôt décidée : il n’embrasserait pas le commerce des huiles, mais le commerce des cotons. S’il n’avait pas encore conquis le titre de « roi du coton, » il avait du moins réussi à réaliser dans cette industrie une fortune colossale.

Maintenant, il caressait à part lui une ambition secrète : il voulait arriver à la députation ; car il se croyait orateur. Il prenait pour de l’éloquence ses phrases ampoulées et creuses.

Tel était le motif caché de l’alliance qu’il contractait avec le comte de Luz. Il espérait que ce mariage lui rallierait aux prochaines élections le parti légitimiste fort influent dans son département.

Au résumé, M. Rabourdet, en raison de la valeur qu’il s’accordait, en raison surtout des brillantes destinées auxquelles il se croyait appelé, était un franc égoïste. Dans son intérieur, il se montrait