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les forçats du mariage

huit heures, il n’avait pas mangé. Une ardeur singulière brillait dans ses yeux.

Il arriva à Bade, vers dix heures du soir.

Au lieu de descendre dans un hôtel, il se rendit directement à la maison de jeu.

Placé dans l’angle d’une porte, il pouvait observer sans être remarqué. Robert de Luz, debout près d’une table de roulette, posait à chaque instant une poignée d’or sur un numéro.

Étienne, immobile, suivait des yeux tous ses mouvements, et de temps en temps jetait autour de lui un regard rapide.

Il était là depuis une demi-heure, quand une femme fort élégante passa à côté de lui, au bras d’un étranger.

Elle le frôla de sa robe.

Il tressaillit, regarda cette femme. Sa figure, ordinairement si placide, prit une expression effrayante. Ses narines se gonflèrent, sa bouche frémit. Ses yeux pâles eurent un regard féroce.

Cette montée de colère dura peu.

— Monsieur, demanda-t-il d’une voix calme à un jeune homme qui paraissait observer comme lui, quel est donc l’homme auquel cette femme donne le bras ?

— Un riche Moldave, qui a fait sauter la banque hier.

— Et cette dame ?