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les forçats du mariage

— M. Moriceau ! exclama son compagnon. Serait-ce le mari de la belle Moriceau qui a, un moment, occupé tout Paris, et à laquelle tu n’as pas été, je crois, tout à fait étranger ?

— C’est cela.

— Tu as même été, rapporte la chronique, au mieux avec elle.

— Oui.

— Longtemps ?

— Pendant un mois.

— C’est peu.

— Ah ! mon cher, c’était déjà trop.

— Comment ? on la dit si séduisante !

— Elle a de belles lignes, une couleur superbe ; mais pas de cœur.

— Tu l’as aimée, cependant.

— À la folie. On ne peut aimer cette femme que comme cela.

— On prétend qu’elle a le diable au corps.

— Oui ! Elle vous brûle.

— Cependant, au bout d’un mois, tu en avais assez ?

— Certes, j’ai plus souffert en ce mois de douloureuse mémoire, que je n’ai souffert dans toute ma vie. Cette femme a pourtant eu sur ma destinée une influence décisive et bienfaisante. Elle m’a fait comprendre que je n’étais point bâti pour de telles secousses, et que l’art est un maître jaloux qui n’admet pas de rival. Juliette Moriceau a contribué