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les forçats du mariage

— Je le veux, dit-elle d’une voix troublée, mais impérieuse.

Arrivée dans sa chambre, elle alluma une bougie.

Cette chambre était tendue de mousseline blanche. Des nœuds de satin bleu relevaient les rideaux du lit et des fenêtres. Au-dessus d’un prie-Dieu était suspendu un crucifix d’ivoire. Et dans un enfoncement, sur un petit autel, s’élevait une statuette de Vierge entourée de fleurs.

— Pourquoi l’autre jour avez-vous refusé de me montrer votre chambre quand je l’implorais, et pourquoi aujourd’hui m’y amenez-vous de force ? demanda le comte sur un ton de plaisanterie.

— Parce que…

— Oh ! je le sais, « parce que, » telle est la raison suprême des femmes. Pourquoi ne voulez-vous pas vous marier ? — Parce que…

— Eh bien ! c’est parce que…

Elle hésita.

— C’est parce que je vous aime, reprit-elle impétueusement.

Et elle attacha sur Robert un regard hautain et scrutateur.

De Luz resta un instant abasourdi : que répondre à cette étrange déclaration ?

Juliette, pour oser faire un tel aveu, s’était crue aimée. Mais, devant l’hésitation de Robert, elle perdit sa fière contenance. En un instant, son visage passionné exprima les sentiments les plus opposés :