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les forçats du mariage

délire par les noms les plus tendres, et dans son égarement, elle l’entourait de ses bras.

Il revint à lui.

— Je vous aime, je vous aime, répétait-il éperdu. Vous m’aimez donc aussi. Je n’osais espérer un pareil bonheur. Mon amie adorée, ma femme, ma femme !

Il la serra dans ses bras avec transport.

— Quel vertige ! Ah ! pardonne, je suis fou !

Marcelle ne répondait plus ni à ses paroles ni à ses étreintes. Elle restait immobile, stupéfaite.

Cet amour si véhément l’effrayait, mais elle n’osait le repousser.

— Oui, reprenait-il avec la même ardeur, ma femme devant Dieu, puisque les hommes nous ont séparés. Nos cœurs faits l’un pour l’autre sont unis à jamais. Nous quitterons la France, veux-tu ? ce monde où nous avons tant souffert, et nous irons bien loin dans un pays où personne ne nous connaîtra ; un beau pays plein de soleil et de poésie, un de ces pays où il y a toujours des fleurs. Là, plus de froid, plus de souffrance ; un printemps doux et éternel comme notre tendresse, comme notre bonheur. Réponds, réponds-moi donc. Tu consens, n’est-ce pas ? Tu m’acceptes pour ton mari, ton soutien, ton ami à jamais. Mais ta main est froide, tu pleures. T’ai-je offensée ?

— Non, vous ne m’offensez pas, Étienne. Rien de vous ne peut m’offenser ; mais je pleure, parce