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les forçats du mariage

Elle ployait davantage.

Tout le jour, à bout de courage, obsédé par cette pensée fiévreuse qui le torturait depuis six ans, il avait été sur le point d’avouer ses luttes, ses souffrances. À présent qu’il tenait entre ses bras cette femme tant aimée, au lieu de lui crier son amour qui débordait, il n’osait pas même le lui laisser deviner.

— Qu’avez-vous, Marcelle, qu’avez-vous ? De grâce, répondez-moi, disait-il d’une voix étouffée.

— Rien, je ne sais… La frayeur.

Elle voulut se dégager ; mais elle retomba.

Il la conduisit à son fauteuil.

— Le tonnerre… j’ai eu peur… je vais mieux… merci, dit-elle. Restez auprès de moi, je vous en prie.

Par une étreinte nerveuse, elle lui pressait fortement la main.

— Souffrez-vous ? demanda encore Étienne effrayé de ce trouble.

— Non, plus maintenant. Je suis bien, là, près de vous ; mais ne me quittez pas. Suis-je assez peureuse ? Quel danger cependant pourrait m’atteindre, protégée par une amitié comme la vôtre ? La foudre elle-même ne m’effraye plus. Et vous pensiez tout à l’heure que je vous ordonnais de me quitter ? Mais que deviendrais-je sans vous ? N’êtes-vous pas mon seul ami, le seul devant lequel j’ouvre ma pensée tout entière ? Après mon fils, vous