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les forçats du mariage

même osé comparer dans sa pensée Marcelle si pure et si sincère à l’impudique et menteuse Juliette.

Comment avait-il pu comprimer aussi longtemps cet amour ? C’est qu’il ne souffrait violemment que loin d’elle. Hors de sa présence, il était fiévreux, emporté, irascible même ; il se révoltait contre son malheur ; il voulait lui avouer son amour, et si elle le repoussait, la quitter, la fuir à jamais ; mais dès qu’il la revoyait, dès qu’il rencontrait son regard calme et son frais sourire, dès qu’il entendait sa voix douce, un peu plaintive, dès qu’il se sentait enveloppé par le charme apaisant que dégageait toute sa personne, il se trouvait soudain rasséréné, plus attendri que troublé.

Toutefois, cet amour entravé était arrivé à cette période de souffrance aiguë où il devient une véritable maladie morale, une idée fixe, presque une folie.


XLII


Un soir, ils étaient rentrés plus tôt que d’habitude. Le temps pronostiquait une tempête. L’atmosphère chargée d’électricité accablait et surexcitait en même temps.

Les enfants, fatigués par la chaleur du jour, luttaient péniblement contre le sommeil.

D’ordinaire, Marcelle ne les couchait qu’après le