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les forçats du mariage

reux, tranquilles, ignorés. Les bruits du monde ne pourront nous y atteindre.

» À bientôt, n’est-ce pas, très-bientôt. Car vous ne voudriez pas nous causer à tous un immense chagrin.            » marcelle. »

Roscoff est un petit port de Bretagne, encore inconnu de la gent élégante et joyeuse qui, chaque année, se répand sur les côtes de l’Océan.

Roscoff, d’ailleurs, par la sévérité de son aspect, ne plaît guère qu’aux artistes et aux âmes reployées sur elles-mêmes dans une grande pensée ou dans un grand sentiment ; car Roscoff est à la fois affreux et splendide.

Ville noire.

Mer terrible.

Rochers sinistres.

On arrive à Roscoff, et l’on sent son cœur se serrer. On y reste en voulant fuir.

Un charme secret vous y retient, vous y fixe, et l’on s’aperçoit que ce coin sauvage possède d’attachantes beautés.

Il faut être artiste pour en découvrir les harmonies mystérieuses et les puissants contrastes.

La mer y mugit comme nulle part. Elle y vit, elle y palpite, elle y a des fureurs léonines, elle y déracine des granits géants, et arrache aux gouffres où elle s’abîme des blocs démesurés, quelle vomit sur ses rives.