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les forçats du mariage

Juliette est décidément la seule femme assez semblable à moi, assez asservie à ses passions, assez révoltée contre les lois du monde pour m’intéresser sérieusement et longtemps.

Cependant, malgré lui, il pensa tout le jour à Marcelle.


XL


Marcelle, en rentrant chez elle, encore bouleversée de cette scène inouïe, trouva Cora qui l’attendait.

— Eh bien ! lui dit son amie, j’ai appris ce matin la bonne nouvelle : tu as gagné ton procès.

— Ah ! un triste procès, Cora, et qui va me faire une vie bien désolée. Quelle que soit la pureté de ma conduite, ma position restera fausse aux yeux du monde. La loi est cruelle. Est-il juste que mon existence demeure à jamais enchaînée à celle d’un homme qui n’a pas pris au sérieux ses engagements ? Tu sais à quel point je suis constante, et si j’eusse souhaité de rencontrer dans le mariage une affection durable. Mais aujourd’hui, je vois bien que tu avais raison, et que les liens indissolubles sont souvent un obstacle à la constance même et au bonheur.

— Il est certain, répliqua Cora, que si le mariage indissoluble était notre destinée naturelle, Dieu ou la nature nous eût tous créés constants. Mais c’est