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les forçats du mariage

Robert la reçut avec une politesse parfaite, quoiqu’un peu cérémonieuse.

Pendant quelques instants, tous deux, embarrassés, gardèrent le silence. Robert, le premier, surmonta cette contrainte.

— Eh bien ! madame, dit-il avec respect, à quoi dois-je l’honneur de votre visite ?

— Vous m’en voulez beaucoup de ce procès ? dit-elle toute tremblante.

— Moi, vous en vouloir ! je sais bien que vous n’y êtes pour rien.

— Alors, appelez-moi votre amie, Robert, car je veux à tout prix conserver votre amitié.

— Mon amie ! Oh ! oui, fit-il avec un soupir. Ma meilleure et ma plus chère amie, je vous le jure.

— Ainsi, reprit Marcelle, je ne serai pas désormais pour vous, comme je le redoutais, une étrangère. Vous me garderez un affectueux souvenir.

— Comment ! s’écria Robert vraiment touché, c’est vous qui venez me demander cela ? N’est-ce pas moi qui dois me mettre à vos pieds, vous implorer, afin que vous ne me retiriez pas toute estime et toute affection ? Votre générosité me confond, m’écrase. Quel homme eût pu être digne de vous ? Je me suis conduit à votre égard comme le dernier des misérables ; et ce n’est pas seulement votre pardon que vous m’accordez, vous venez m’offrir votre amitié !