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les forçats du mariage

trages qu’il sortit de chez elle avec la résolution héroïque de n’y jamais rentrer.

Pour oublier cette fille, qui se jouait de ses souffrances, il se décida à revoir Juliette ; il tâcherait de ranimer cette ancienne passion.

Dès le lendemain soir, il se dirigea rue Caumartin.

Mais en route, prévoyant une scène de larmes, de reproches, prévoyant que Juliette allait se jeter à son cou, lui témoigner un amour que peut-être il ne partagerait plus, il faillit rebrousser chemin.

Juliette avait cessé de l’attendre.

Elle se tenait au salon, étendue sur un divan. Sa robe de velours noir faisait ressortir la pâleur délicate de son teint et le sombre éclat de ses yeux.

Quand on annonça M. de Luz, elle se dressa comme soulevée par un choc galvanique.

— Je n’y suis pas pour M. de Luz, dit-elle très-haut, de façon à être entendue de Robert.

Puis elle retomba, accablée par le sacrifice qu’elle venait de faire à son orgueil.

Mais Robert, forçant la consigne, entra et se précipita à ses pieds.

— Juliette ! Juliette ! s’écria-t-il, embrassant ses genoux.

La tête renversée, les yeux fermés, elle restait immobile, comme paralysée par une émotion qu’elle voulait cacher.

— Je ne vous aime plus, dit-elle enfin d’une