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les forçats du mariage

Juliette s’appuya contre un arbre, comme si elle défaillait.

— Qu’avez-vous ? demanda Robert anxieux.

— Rien. Le froid sans doute.

— Il est tard en effet, reprit Robert, qui ne voulut pas s’apercevoir du trouble qu’il causait. Que faisiez-vous là toute seule ?

— Toute seule ! Ne suis-je pas toujours seule ? fit elle amèrement. Je pensais…

— À quoi ?

— À vous.

La voix de Juliette, en prononçant ces mots, eut une vibration qui fit tressaillir le jeune homme.

— Et que pensiez-vous de moi ? dit-il gaiement.

— Je souffrais, répondit-elle d’un ton brusque. Il y a huit jours que je ne vous ai vu, et vous êtes mon seul ami.

— Mille pardons, chère enfant, j’ai eu tant de d’affaires sur les bras !

— Des affaires ! Je croyais que vous n’aviez d’autres soucis que vos plaisirs.

— Je vais vous faire une grosse confidence. Mais n’aurez-vous pas trop de chagrin si je vous raconte mes malheurs ?

— Je vous en prie, dites-les-moi.

— Je suis ruiné.

— Ah ! tant mieux ! exclama Juliette en lui serrant fortement le bras.